Economies de Réseaux

Et si je vous dit 1992 ? Depardieu est Christophe Colomb, Leconte atteint les demi-finales à Rolland Garros et Bruel n’a plus besoin de chanter lorsqu’il se produit en concert. Bon. J’entends bien le joyeux concert de cet inventaire à la Prévert, mais ce n’est pas là que je veux en venir – ce qui n’est pas étonnant, l’indice est d’une indigence qui dérouterait Columbo au sommet de son art feuilletonesque.

Outre la surprenante victoire du Danemark aux Championnats d’Europe de football, 1992 a surtout accouché du traité de Maastricht qui annonçait l’approfondissement de l’Union européenne et de profonds changements pour ses Etats-membres. Nous brûlons tous aujourd’hui
d’en tirer les premières leçons, mais parce qu’on ne peut pas mettre dix ans sur table comme on étale ses lettres au scrabble, le choix a été fait de se concentrer sur des aspects choisis et circonscrits de ce sujet. Octobre 2002, l’actualité sociale met en lumière les manifestations des salariés d’EDF, partie émergée d’une des conséquences du Traité de Maastricht : l’ouverture à la concurrence des économies de réseaux détentrices de missions de service public. C’est de ce phénomène largement souterrain et dont nous commençons tout juste à découvrir les effets dont il est question dans le dossier de ce numéro.

Autre idée reçue que nous cherchons à tester avec la fébrilité du doctorant : à l’instar du Loto, l’ENSAE est-elle seulement conçue « pour ceux qui aiment les chiffres... avec beaucoup de zéros derrière» ? Pour ce faire, je vous invite à lire l’interview de Karol Beffa, musicien et compositeur, qui ouvre une série d’articles sur les profils atypiques des anciens.

Rien ne dit que les tests seront concluants. Mais comme l’expérience réussie du Tour de France à la Voile cet été, ils donnent l’envie d’écouter, de comprendre et de se passionner. Ils donnent, en somme, l’envie d’avoir envie.