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16 avril 2003

Lier le développement durable à l’activité de production d’énergie : l’exemple du groupe EDF

Publié par Michel BENARD (ENSAE 1970) | N° 20 - Risques environnementaux

Une démarche engagée depuis 1992


C’est la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (Sommet de la terre de Rio en 1992), qui consacre pleinement le concept de développement durable ainsi défini : « le développement durable répond aux besoins du présent sans compromettre les capacités des générations futures de répondre aux leurs ». Ainsi, le développement durable est une démarche qui vise à concilier : le développement économique, l’équilibre social, et la prise en compte de l’environnement. En présence de milliers d’associations, 173 Etats ont signé un programme d’actions pour le XXIème siècle, l’Agenda 211 de Rio. Son adoption conduit à la création de Commissions nationales du développement durable. Les Etats, les collectivités locales et les entreprises sont invités à concevoir des plans d’action à leur échelle, intégrant les principes de l’Agenda 21.Enfin, le groupe EDF présentera –dès les résultats 2001- chaque année les résultats de ses engagements en publiant un rapport annuel consacré au développement durable. En signant le 19 octobre 1999 la Charte des entreprises publiques pour le développement durable, EDF s’engageait à intégrer ce concept au sein de son organisation et de sa stratégie. “Nous, entreprises publiques signataires de la présente charte, déclarons que le développement durable, qui permet de satisfaire nos besoins actuels et ceux de nos clients, sans compromettre les besoins des générations futures, est partie intégrante de nos missions de service public.” (Extrait de la Charte). Dans la continuité, le groupe prenait dix engagements pour le développement durable parmi lesquels : économiser les ressources non renouvelables, diminuer les pollutions et limiter les gaz à effet de serre, faire progresser la sécurité et la santé, faire contribuer l’électricité au développement économique et social de tous. Ces dix engagements constituent aujourd’hui la base du système de management environnemental (ISO 14001) du groupe. Les entreprises électriques ont, par rapport à d’autres, deux spécificités : • elles doivent, par leur métier même, prendre en compte le long terme. En effet, la durée de vie des ouvrages de production, de transport ou de distribution d’électricité atteint plusieurs dizaines d’années, voire plus d’une centaine lorsqu’ils s’agit d’ouvrages hydroélectriques. Cette première spécificité est encore accentuée pour celles qui disposent d’un parc de production en partie nucléaire ; • elles assurent un service public dont la continuité est, dans les sociétés développées, un élément essentiel de la vie économique. Dans les pays en développement, celui-ci est conditionné, pour une bonne part, par l’accès à l’électricité de la population. C’est compte tenu de ces spécificités que le projet d’Agenda 21 d’EDF a été élaboré, à partir des orientations définies à Rio, sur la base de 21 principes d’action. Ces derniers ont été soumis au regard de personnalités extérieures, d’organisations syndicales et du personnel du groupe. Ils ont été enrichis de ces apports avant d’être soumis à des panels de clients. L’Agenda 21 s’organise autour de 4 thèmes : agir de manière transparente, agir en entreprise responsable, passer au crible du développement durable ses activités, ses investissements et ses offres, agir en partenariat avec les autres acteurs du développement durable. Il est adossé à un dispositif de mise en œuvre et sera complété par des indicateurs de suivi tout à la fois quantitatifs et qualitatifs. Ceux-ci sont construits en association avec des personnalités extérieures et placés sous le regard d’agences de notation environnementale et sociale. Au niveau le plus élevé de l’entreprise, un directoire est chargé de piloter la mise en œuvre de la politique de développement durable de l’entreprise.

Lutter contre les inégalités d’accès à l’énergie

Aujourd’hui, deux milliards d’êtres humains n’ont pas accès à l’électricité. Et deux milliards d’hommes et de femmes vont s’ajouter, dans les 25 ans à venir, aux six milliards



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Figure n°1 :


d’êtres humains actuels, essentiellement dans les pays les plus pauvres. Quels que soient les efforts faits en matière de maîtrise de l’énergie, les besoins sont et seront considérables : la consommation mondiale d’électricité va doubler dans les 20 à 25 ans à venir. Ainsi, pendant cette période, il sera construit autant de centrales électriques que pendant tout le XXème siècle. Ainsi, l’un des axes primordiaux du développement durable demeure la lutte contre les inégalités. Il s’agit de faire valoir le droit à l’énergie, de porter partout des solutions énergétiques qui répondent aux besoins de développement tout en préservant l’environnement. En avril 1992 était créé le E7, première organisation internationale à rassembler des industriels autour des enjeux du développement durable : EDF (France), ENEL (Italie), TEPCO et Kansai (Japon), HydroQuébec et Ontario Power Generation (Canada), American Electric Power (Etats-Unis), RWE (Allemagne). Le E7 a apporté son soutien à plusieurs proj ets de développement énergétique durable en Indonésie, en Jordanie, au Zimbabwe... En 2000, à la conférence de La Haye sur le changement clim atique,il a présenté sa position en faveurdes “mécanismes de flexibilité ”du Protocole de Kyoto et a annoncé une opération exemplaire d’électrification décentralisée par micro-centrale hydroélectrique en Bolivie, première application du “mécanisme de développement propre”. En 2001, deux nouveaux projets de mécanisme de développement propre sont présentés lors du sommet sur le changement climatique de Marrakech : aux Galapagos et au Bouthan. Afin d’être présent auprès des populations rurales des pays en développement, le groupe EDF a lancé en 2001 le programme ACCES (ACCession à l’Electricité et aux Services), qui consiste à développer et mettre en place dans les villages éloignés du réseau électrique, dans les pays en développement, un ensemble de projets rentables d’électrification rurale décentralisée. Chaque projet conduit à la création d’une SSD (Société de Services Décentralisés), structure locale d’exploitation des services apportés aux populations concernées. Pour subsister, les populations qui n’ont pas accès à l’énergie utilisent bougies, bois, pétrole, charbon, autant de solutions coûteuses et nuisibles pour l’environnement. L’ambition du programme est donc d’apporter des solutions à la fois moins chères et plus respectueuses de l’environnement. Le recours aux énergies locales et renouvelables est privilégié. Toutefois, l’utilisation de groupes électrogènes ou d’autres sources d’énergie peut s’avérer nécessaire, notamment pour répondre aux besoins de puissance dans le démarrage de certaines activités économiques. D’ici fin 2003, ce programme a pour ambition de permettre l’accès à l’électricité à plus de 300 000 personnes. Les projets les plus avancés concernent le Maroc, le Mali, Madagascar, l’Afrique du Sud et le Brésil. Des projets plus récents sont développés également aux Philippines et au Laos.

Faire contribuer l’électricité au développement économique et social de tous

L’engagement en faveur de la solidarité dans quatre domaines prioritaires fait partie intégrante de la stratégie de l’énergéticien : la relation avec les clients en difficulté et la mise en œuvre du droit à l’électricité, l’aide à l’emploi et à l’employabilité, la politique de la ville et la solidarité avec les territoires, le mécénat de la solidarité en faveur des personnes souffrant de grande exclusion économique, sociale ou physique. Au sein du groupe, un directoire Solidarité assure la mise en œuvre des actions, en s’appuyant sur la Mission solidarité. Chaque unité (Centrale de production, centre de distribution…) sur le territoire français devra consacrer 1 MF par an à ces actions. Aux clients en difficulté de paiement, EDF propose le Service Maintien d’Energie (SME) : trois kilowatts leur sont garantis, ce qui correspond au fonctionnement simultané d’un réfrigérateur, de la télévision et d’un ou deux convecteurs de chauffage. Ce service maintien



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Figure n°2 :


d’énergie est une mesure d’atte nte,le temps que le dossier de ces clients soit étudié par les services sociaux. Parallèlement, un principe est garanti : celui de ne jamais couper l’électricité sans qu’il y ait eu, auparavant, une rencontre avec les personnes afin de rechercher jusqu’au bout une solution. Parallèlement, un Fonds Solidarité Energie (FSE) est alimenté par le groupe, l’Etat, les collectivités territoriales et les Caisses d’Allocations Familiales pour permettre de prendre en charge les factures des clients en difficulté. Les actions de solidarité sont menés aussi bien en France qu’au sein des filiales étrangères. Ainsi, en Grande Bretagne, la filiale London Electricity a mis en place un programme « Energy for everyone » destiné aux personnes âgées, aux handicapés et aux démunis : facilités de paiement des factures, étalement des dettes, conseils énergétiques, services prioritaires, prix de l’énergie aménagés. De même, en Argentine où EDF est présente avec une filiale de distribution, Edenor, 40000 familles vivant dans des « villas miserias », des bidonvilles, bénéficient de dispositions spéciales de facturation.

Réduire l’impact de ses activités sur l’environnement et devenir un leader dans les nouvelles énergies renouvelables

La production d’électricité d’EDF, à plus de 95 % d’origine hydraulique et nucléaire en 2001 n’émet en conséquence pratiquement aucun gaz à effet de serre et , contribue à faire de la France un des pays industrialisés où les émissions de ces gaz sont les plus faibles. Avec une production hydraulique de 65 milliards de kWh (en 2000), l’énergéticien français est le premier producteur d’électricité d’origine renouvelable de l’Union européenne. Partout où il est présent, le groupe a l’ambition d’utiliser des technologies économes en ressources et efficaces en termes énergétiques. Les investissements internationaux d’EDF sont ainsi passés au crible des critères du développement durable, désormais ciment du groupe EDF dans son développement international. Le 23 octobre 2000, EDF et ses partenaires chinois ont ainsi signé un accord pour le lancement du projet « Beijing Blue Sky ». Celui-ci vise à améliorer la qualité de l’air de Pékin en remplaçant par des systèmes de co-génération (cycles combinés à gaz) de vieilles chaudières au charbon alimentant la capitale. Ce projet est le premier destiné à répondre aux problèmes de pollution grandissants que connaît Pékin, candidate aux Jeux Olympiques de 2008. En prenant une participation dans des sociétés, telles que la société SIIF Energies, premier opérateur français dans les nouvelles énergies renouvelables, le groupe cherche à se doter de compétences pour développer les nouvelles énergies renouvelables. Il affiche l’objectif d’occuper 20 à 30 % du marché français de l’éolien d’ici 2010, et, au plan mondial, de devenir l’un des leaders mondiaux dans les nouvelles énergies renouvelables (éolien, mais aussi solaire, photovoltaïque, utilisation de la biomasse en cogénération, petite hydraulique …). Pour cette raison, en 2002, près de 20% du budget consacré à la Recherche et Développement sont investis dans des axes relevant directement de l’engagement du groupe dans le développement durable.

Sont notamment concernés les domaines suivants :

• les offres propres et économes en énergie faites aux clients (maîtrise de la demande énergétique (MDE), haute qualité environnementale (HQE) notamment du bâti, efficacité énergétique des processus industriels…)

• le nucléaire, en particulier le volet consacré aux déchets et aux réacteurs du futur,

• les énergies renouvelables, avec, en priorité, l’éolien off shore et le photovoltaïque.

Les études d’impact sanitaire et le respect de la faune, de la flore et des paysages représentent également des axes forts de recherche. Enfin, les activités de R & D consacrent un volet en forte progression sur l’électrification rurale décentralisée dans les Pays en développement.

Autrice

Michel BENARD (ENSAE 1970)

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