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20 septembre 2003

Fabien Levy

Nous avons rencontré Fabien Levy, ancien de l’Ensae (1992) et aujourd'hui compositeur, quelques jours après qu'une de ses dernières oeuvres, Dr. B. ait été créée lors de la saison musicale de l’Abbaye de Royaumont. Il nous a parlé de son cheminement personnel et de la place de la création musicale contemporaine dans notre société.


Fabien Levy comment devient-on compositeur après avoir fait l'Ensae et entamé par ailleurs une carrière bancaire ?

Bien que je ne sois pas issu d'une famille de musiciens, j'ai toujours pratiqué la musique en amateur et suivi une formation musicale en parallèle avec mes études. J'ai en fait commencé à composer très jeune, dès l'âge de sept ans. C'est d'ailleurs en pensant aux gens qui, comme moi, composaient depuis longtemps en amateur, que nous avions organisé en 1991 un concours de composition inter-grandes écoles et universités, alors que j'étais responsable du club musique de l'Ensae. Je trouvais intéressant de permettre à des amateurs de pouvoir soumettre leurs oeuvres à la critique d'un jury de professionnels présidé par Y. Menuhin. Nous avions également invité 1. Xenakis à l’Ensae pour nous parler du lien entre stochastique et musique.
À l'époque, je n'envisageais pas autre chose que de devenir un amateur éclairé. Par ailleurs, j'étais plutôt attiré par la recherche scientifique, et j'avais préparé le DEA d'analyse et de politique économique de l'ENS et l'EHESS. Mais il m'est apparu qu'il était difficile de mener de front deux activités intellectuelles aussi intenses que la recherche et la composition musicale.
Après mon VSNA, j'abandonnais définitivement ma thèse et intégrais la BNP en tant qu'économiste risque-pays.

Vous quittez en fait la BNP, huit mois après y â être entré. Que s'est-il passé à ce moment là ?

En septembre 199,4, grâce à une bourse de la Fondation Singer-Polignac, je reprenais mes études musicales. Reçu dans un premier temps dans des Conservatoires Régionaux, équivalent des classes préparatoires, je réussissais l'année suivante le concours d'entrée en composition du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, où je suis encore étudiant. D'autre part, je prépare actuellement une thèse de musicologie du XX' siècle à l'Ircam et au CNRS

Sur quoi porte cette thèse?

Ma



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Figure n°1 :


thèse porte sur les problèmes de perception de certains processus musicaux utilisés par les compositeurs (cf. Encart). J'ajouterai que pour réussir à travailler ma thèse et à composer, je me consacre en fait à temps plein à chaque activité de façon alternée. Mon allocation de recherche me permet pour l'instant de vivre.

Vous n'avez pas trop de difficultés pour faire jouer vos œuvres ?

En étant au Conservatoire de Paris, auréolé d'un grand prestige, il est assez facile d'être joué. Mais il ne faut pas se laisser prendre au piège de cette facilité, commune à toutes les grandes écoles françaises, car après le conservatoire, comme tous les compositeurs, je devrai à nouveau me défendre par moi-même. Et, de toute façon, on ne vit pas de ses compositions, ni du temps de Mozart, ni aujourd'hui.

La musique contemporaine a-t-elle un rôle à jouer dans notre société ?

Il est nécessaire que les compositeurs contemporains puissent continuer à s'exprimer. Comme le scientifique, le compositeur est quelqu'un qui dans son domaine, se pose toujours la question du « pourquoi pas ? » et refuse les con ventions trop faciles. À ce titre, la société a besoin des créateurs en général, dont le travail manifeste une autonomie intellectuelle qui n'est pas limitée par la recherche d'une efficacité maximale à court terme, primordiale aujourd'hui dans les plupart des activités.

De plus, même si une oeuvre d'art a moins de valeur à court terme qu'un objet de consommation courante, elle a une valeur inter-temporelle non négligeable. Beethoven ne génère-t-il pas des milliers d'emplois sur le long terme dans le monde, en plus du plaisir qu'il procure?

Bref, si les musiques savantes actuelles sont plus difficiles d'accès que les musiques commerciales à consommation immédiate qui nous matraquent quotidiennement, les premières font partie d'un patrimoine culturel qu'il faut défendre.

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