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18 septembre 2003

Olivier Le Grand,

sorti de I’Ensae en 19 76, quel a été votre parcours professionnel jusqu'à votre entrée à la Banque Cortal ?

Après avoir achevé mes études à l'Ensae et à Paris IX Dauphine (DEA de Méthodes Mathématiques de l'Économie avec Jacques Lesourne), je suis parti en coopération technique au Brésil. Sur une initiative de Jacques de Chalendar, de l'Inspection des Finances, l'Insee m'a proposé, une mission d'assistance auprès du Ministère des Finances brésilien qui cherchait à favoriser les investissements directs en provenance de l'étranger. J'assurais aussi à Brasilia un cours sur la recherche scientifique. Un domaine qui a fortement évolué récemment et qui m'intéresse à nouveau dans l'infiniment petit comme dans l'infiniment grand, c'est à dire en mécanique quantique et en astrophysique.

À mon retour en Frai née, j'ai choisi de rejoindre EDE EDF était l’entreprise qui me paraissait utiliser an mieux les principes d il calcul économique dans ses décisions d'investissement et de tarification. Je suis ainsi rentré aux Études Économiques Générales, service issu des équipes constituées par Pierre Massé. J'ai travaillé, pendant sept ans à divers postes.

À travers celle fonction, voire expérience L'EDF a bien répondu à vos attentes!

Oui, j'ai eu en effet cette chance. Je désirais servir la collectivité en utilisant au mieux des connaissances acquises en micro et macro économie. J'ai aussi découvert à EDF le désir de réussir et le plaisir de travailler dans une entreprise. Une entreprise guidée par sa propre stratégie et animée par des hommes de qualité. Dans un premier temps, de 1978 à 1982, j'ai été responsable des prévisions de consommation d'électricité à long terme et ce qui était courageux, à court terme, dans le cadre du suivi budgétaire. J'analysais également l'impact des choix énergétiques français, par exemple, sur la balance des paiements et sur l'emploi. Le mélange d'études de cabinet et de travaux de fonds me correspondait bien. Au lendemain de la panne d'électricité du 19 décembre 1978 qui a affecté la majeure partie du territoire, je disposais de quelques heures pour en estimer le coin pour la collectivité. Grâce à l'exemple de Marcel Boiteux, alors Président, et sous la tutelle de Pierre Bernard, le père de la Productivité Globale des Facteurs, j'apprenais que « rien n'était impossible ». Tout avait un prix et pouvait être valorisé, de façon plus ou moins précise selon le temps dont nous disposions. J'étais également impressionné, de voir à quel point le calcul économique était utilisé dans l'ensemble de cette entreprise, à tous ses niveaux.

À partir de 1983, j’ai rejoint une nouvelle équipe aux Études Économiques Générales. Elle assurait la synthèse des besoins d'investissement de l'entreprise, dont le volume représentait alors le tiers de ceux de l'industrie française. Nous gérions les négociations avec les différentes tutelles ﷓ Trésor, Budget, Ministère de l'industrie. Jean Berglougnoux pilotait la mise en oeuvre du contrat de plan entre l'État et EDF et j'étais chargé dans ce cadre du suivi et du perfectionnement des critères d'appréciation de la gestion de l'entreprise. Une époque passionnante pour EDF qui était à un tournant. Elle avait atteint son pari technologique et devait relever un défi commercial. Désormais, on parlait de clients et non plus d'abonnés.

Au terme de ces sept années à EDF vous rejoignez la Compagnie Bancaire en 1984?

En effet. La Compagnie Bancaire est une fédération de sociétés spécialisées (Cetelein, Cofica, UFB﷓Locabail, UCB, Cardif ... ) qui m'attirait par son approche industrielle et analytique des services financiers. J'ai eu la chance de travailler 3 ans aux côtés d'André Lévy﷓Lang puis de François Henrot, à la maison mère. J'étais responsable des études économiques, puis de la planification et du contrôle de gestion. En 1987, ils m’ont demandé de rejoindre Cortal, la première banque française sans guichet créée trois ans auparavant par Michel Cicurel. Cette banque était dès l'origine spécialisée dans la vente directe (le placements financiers. J'y ai occupé, diverses fonctions avant d'en devenir le responsable.

La formule a séduit les particuliers?

Oui, puisque Cortal a démarré. sans fonds de commerce et compte aujourd'hui 170 000 clients qui y ont déposé, plus de 17 milliards de francs de capitaux.
Nous sommes en général la seconde banque de nos clients qui domicilient leur salaire on leur retraite dans une banque généraliste. Si 87% des français se disent satisfaits de la banque qui gère leur compte courant, ils sont de plus en plus nombreux à souhaiter
"répartir leurs placements dans différents paniers et à mieux s'y retrouver dans la jungle luxuriante des produits financiers. Cortal se positionne comme la Banque de lipargne et doit les y aider. Notre mode de distribution centralisé assure en outre nue grande homogénéité dans la qualité, du service, un faible niveau de coûts fixes et une bonne maîtrise des coûts variables, de publicité notamment. Nos services peuvent ainsi être proposés à des prix attractifs.

La distribution des produits financiers par marketing direct était une véritable innovation ?

La vente directe constituait un nouveau mode de distribution dans le paysage français, caractérisé par la forte présence des réseaux bancaires: il y a cinq fois plus de guichets de banques que de gares SNCF en France. La vente directe par téléphone ou par courrier intéressait la Compagnie Bancaire au vu des résultats obtenus aux ÉtatsUnis par Fidelity et Dreyfus, dans la vente de placements financiers. La Compagnie Bancaire avait pris une participation dans Dreyfus an début des années 80 pour bien comprendre le métier avant de créer Cortal. En France comme aux États Unis, l'objectif était d'offrir à un large public des services habituellement réservés à des investisseurs fortunés. Un placement de 10 000 Frs suffit aujourd'hui pour devenir client de Cortal.

Le coût des services offerts par une banque n'est pas le seul critère de choix de clients qui sont de plus en plus multibancarisés ?

Si les clients sont sensibles aux prix, ils sont également exigeants sur la simplicité,, la fiabilité et la rapidité, des services qui leur sont proposés.
Dans le domaine de l'épargne. il faut aussi rassurer le public. Malgré un taux de notoriété de 75 % sur sa cible ﷓ les français qui gagnent au moins 200 000 Frs par an et par foyer ﷓ la Banque Cortal rassure ses clients et prospects en rappelant sa filiation à la Compagnie Bancaire et sa concentration sur un seul métier: l'épargne. Nous ne considérons pas celle﷓ci comme mie ressource dont nous serions tentés de minimiser le coût si nous faisions par ailleurs du crédit.
Nous pouvons donc servir au mieux nos clients, en toute indépendance. C'est aussi pour cette raison que nos clients ont accès depuis 199,+ et sans aucun frais supplémentaire à l'ensemble des Sicav de droit français., qu' elles soient conçues par Cortal, par toute autre banque ou par toute compagnie d'assurance. Aucune banque n'a en effet le monopole des meilleures



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Figure n°1 : Olivier Le Grand


performances. Avec la Centrale des Placements, nous cherchons désormais à rendre l'achat de Sicav aussi simple que lachat d'actions en Bourse.

Vous transformez. profondément le type de relations qu'entrelient une banque avec ses clients?

Dans l'univers de l'épargne, comme dans celui de la consommation, c'est désormais le client qui a le pouvoir.
C'est lui, et non lentreprise, qui occupe la première place sur le podium. Les marchés se décloisonnent, l'information se mondialise et le public est de plus en plus volatile. Titillés par des taux d'intérêt réels qui ont été très élevés et restent encore significatifs, mieux informés grâce à la presse financière, les emprunteurs comme les épargnants sont plus exigeants et comparent. Comme les téléspectateurs, ils zappent plus volontiers que par le passé et sont plus infidèles. Avec la Centrale des Placements qui offre à nos clients l'accès à toutes les Sicav du marché, nous cherchons désormais à fidéliser nos clients en reconnaissant leur droit à l'infidélité.

Vous avez parlé de clients directs. Aver quels autres types de clients travaillez﷓vous aussi?

Banque spécialisée sur les placements. Cortal a acquis des compétences en matière de back office. d'informatique bancaire et d'utilisation du téléphone qui sont susceptibles d'intéresser divers types de partenaires. Nous les aidons ainsi à mieux fidéliser ou à développer leur propre clientèle.
À travers Cortal ou une filiale, l'Institut de Télémarketing, nous assurons ainsi des prestations pour les AGE Finaref. Cetelem. les Galeries Lafayette, Cardif. Ecco. et pour (le nombreux gestionnaires de, patrimoine. Le partenariat représente la deuxième jambe sur laquelle nous avançons, la première étant notre clientèle directe. En tant que spécialisés de I’épargne. nous suivons ainsi une stratégie de multidistribution.

En 1996, Corial a reçu le prix de l'innovation Financière pour la Centrale des Placements
En dehors de l’accès à toutes les valeurs, vous offrez an service particulier pour les clients qui veulent gérer directement leur portefeuille de valeurs mobilières ?

En effet, la Centrale des Placements regroupe deux services : l'achat de toute Sicav disponible sur le marché et l'achat de titres en direct, actions ou obligations. Ce dernier service a été, lancé, mi﷓ 1993: la naissance du Plan d'Epargne en Actions (PEA) à l'automne 1992 a rétabli une certaine neutralité fiscale entre la gestion directe et la gestion collective, la suppression (le l'impôt de Bourse en mai 1993 a constitué mi second signe en faveur de la gestion directe, enfin

l'Emprunt de Balladur a été réservé à des particuliers. Face à toutes ces mesures destinées à favoriser l'actionnariat individuel, nous avons décidé de, mettre en place un service de prise d'ordre sur la Bourse. Nous ne donnons aucun conseil, ce qui explique que nos tarifs soient attractifs.
Nous nous concentrons sur la fiabilité et la rapidité, de l'exécution des ordres: les ordres saisis par téléphone. fax ou Minitel. sont immédiatement routés vers le marché: nous sommes présents à l’heure du déjeuner et le samedi. Nous avons reçu 320 000 ordres de Bourse en 1995 et près de 30 000 clients ont aujourd'hui recours à notre service Actions Bourse. Noire intention est de tripler ce chiffre en cinq ans. Le succès remporté par le disconter Charles Scliwab aux États Unis nous permet de juger cet objectif réaliste. Si nos innovations sont souvent Copiées., vu l'absence de breNet dans la finance. il nous reste à nous-même le loisir d'observer ce qui se passe à l'étranger. notamment aux États Unis.

Cela avait été le cas dès 198 7, avec le lancement du Compte Optimal, un compte chèque rémunéré ?

C'est exact. Dix ans auparavant. en 1977, Nlerrill Lyncli avait lancé son Casli Management Accotait. un compte insomniaque qui empêchait les liquidités de dormir. C'est, ainsi le principe du Compte Optimal qui associe un chéquier. une carte Visa. une Sicav monétaire et un relevé régulier.

A ver 170 000 clients, quelles sont vos perspectives de développement?

Notre premier objectif reste (le croître fortement en France où nous avons (le nombreux partenariats à développer et des parts de marché à prendre sur la clientèle directe.
Notre ambition est d'abord (le doubler en quatre ans le nombre de clients gérés et de capter nue part accrue (le l'épargne moyenne de nos clients, grâce à la Centrale des Placements notamment. Nous gérons anjourd'hui le tiers environ de leur épargne financière. Ils disposent d'on tiers dans leur banque généraliste et d'un troisième tiers dans d'autres établissements financiers qui pourrait en partie venir chez Cortal.
Présents en Belgique et an Luxembourg' nous pouvons aussi exporter notre savoir faire à des coûts marginaux faibles. L’essentiel des investissements informatiques. mie, part importante des coûts de développement de Cortal. sont en effet derrière nous.

A la tête d'une entreprise de 200 personnes. de quelles qualités doit﷓on absolument faire preuve ?

Dans le, inonde financier. face à des marchés volatiles et à des concurrents plus efficaces. la réactivité est une valeur clé. Pour être réactif. il faut être organisé et il faut donc que chacun dans l'entreprise sache ce qu’il doit faire en cas de changement et pourquoi il le fait. Réduire les délais devient aussi important que réduire les conflits. Pour y parvenir chacun doit pleinement s approprier la stratégie de l'entreprise. Ni fonctionnaires, ni mercenaires, nous devons être les missionnaires d'un même projet. Mon rôle est d'aider chacun à y parvenir.
Il me semble aussi qu'une entreprise. quelle que soit sa taille. doit être gérée avec I*obsession du tiroir﷓caisse et un grand souci (In détail. Sinon. on ne gère plus. on règne.

Aujourd'hui. comment appréciez﷓vous la formation que vous avez suivie à 1'Ensae?

La rigueur d'analyse développée par l'Ensae dans des disciplines qui appartiennent aux sciences humaines nie paraît avoir été et rester d'un apport décisif dans le secteur public français et dans les services d'études des entreprises.
A titre personnel. les bases que j’ai acquises notamment grâce aux enseignements d'Edmond Malinvaud, nie restent très utiles pour apprécier les phénomènes économiques et monétaires qui influent sur la rentabilité des différentes formes (le placements. pour mieux appréhender les défis auxquels est confronté le secteur bancaire et, parfois aussi, pour mesurer l'intérêt du lancement de nouveaux produits. Malgré mie utilisation régulière chez Cortal de la segmentation comportementale. je nie suis quelque peu éloigné de l'analyse quantitative. Des jeunes diplômés plus, in fait que moi (les développements (le cette discipline nous aident dans ce secteur chez Cortal et à la Compagnie Bancaire.
Un point qui nie Parait également iniportant: la diversité des origines et (les expériences des élèves de l'Ensae n'avait également parti de nature à favoriser leur maturité. La diversité,. C’est la vie.

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