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16 janvier 2004

Publications

Publié par Sébastien PETITHUGUENIN | N° 23 - London Calling

Tous ces ouvrages peuvent être commandés en ligne sur le site Internet de l’ASTEC : www.ensae.org, rubrique Publications.
SPH : Lecture critique par Sébastien Petithuguenin, ENSAE 2001.


La fin des départements – Loiez LAURENT (ENSAE 1964), Presses universitaires de Rennes, collection Espaces et territoires.

C’est à un parcours peu exotique et pourtant passionnant que le livre de Laurent Loeitz nous convie. En effet, quoi de plus banal qu’une étude qui se propose pour objet principal les 95 départements de métropole, et quoi de plus rébarbatif qu’une analyse de la structure administrative dans laquelle s’enchâssent ces derniers.

La thèse de l’auteur est pourtant rafraîchissante dans ce parcours du combattant annoncé, et elle s’exprime dès les premières lignes de l’ouvrage : il est possible de renouveler la démocratie locale, de créer les conditions d’une efficience accrue des services publics et de mettre en œuvre des synergies renouvelées entre la ville et la campagne … à condition de mettre en exergue deux échelons principaux dans le fonctionnement politico-administratif de la France : la région et le pays.

Si l’itinéraire peut paraître aride de prime abord, il n’en est rien lorsque l’on se plonge dans cet ouvrage rythmé et dense où l’on cerne immédiatement une réelle recherche pédagogique. C’est dans une exploration quasi « archéologique » de notre pays et de sa structure administrative que l’on se trouve embarqué, une histoire complexe tiraillée entre des courants contraires que sont centralisation du pouvoir et volonté de déconcentration et de responsabilisation des acteurs locaux. L’espace géopolitique français n’est pas uniforme, on s’en doutait, mais Loeitz nous amène à en comprendre à la fois la dimension historique – chaque échelon a une histoire qui déborde largement la simple efficacité de la structure dont il est maillon – mais aussi le caractère polarisé de celui-ci.

Au final, la démonstration de Loeitz paraît plus nuancée que le titre de l’ouvrage ne pouvait le laisser deviner. Si la pertinence d’un échelon plus petit que celui du département semble bien prendre tout son sens et si la nécessité de créer des solidarités organiques entre villes et campagnes sont solidement démontrées, on reste dans le domaine de la prospective pour ce que serait un arrondissement budgétairement autonome et capable de gérer l’ensemble des services publics de proximité.

La réflexion a le mérite d’être décoiffante et de nous mener bien au-delà des lénifiants constats qui veulent que la France soit un pays engourdi incapable de gérer sa transition vers un fédéralisme forcément moderne. J’en veux pour exemple l’analyse au second degré que mène Loeitz du cumul des mandats, mal politique nécessaire qui permet de surmonter l’incroyable enchevêtrement des niveaux de responsabilités dans la démocratie et d’obtenir une cohérence des politiques locales, ou encore les mises en perspective éclairantes des tentatives avortées de distribuer le pouvoir aux assemblées locales, toujours reprises en main par le pouvoir central, que ce soit au travers de systèmes d’élection incapables de fonder la légitimité ou de lois aux décrets d’application incertains.

On voit se dessiner au fur et à mesure de cet ouvrage un programme politique de réforme, qui pourrait rapprocher la république du citoyen, et dont on se demande juste si le bien-fondé ne risque pas d’achopper sur la pierre aiguë du manque de volonté politique. Et si la révolution du 21e siècle était régionale ?

SPH

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L’anarchie bureaucratique – Alain BLUM (ENSAE 1983) et Martine MESPOULET, Editions La découverte.

Le travail d’Alain Blum et de Martine Mespoulets est avant tout une somme historique extrêmement détaillée concernant l’histoire de l’administration statistique soviétique des années 20 aux années 40. Ce parcours



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Figure n°1 :


complet retrace avec précision les évolutions qu’a connue cette administration ainsi que ses interactions avec le pouvoir, de plus en plus dominant, de ses dirigeants politiques – et Staline au premier plan.

Si le propos de l’ouvrage déborde son cadre de monographie, c’est qu’il embrasse plus large en se proposant d’analyser l’histoire de l’administration statistique russe non comme une entité homogène inféodée ou opposée au pouvoir central, mais bien plutôt comme une structure complexe, traversée de contradictions et d’espaces d’autonomie. Les mutations envisagées ne sont pas seulement celles du pouvoir interne à la structure administrative. Ce sont aussi les conceptions et les catégories d’analyse que déploient les statisticiens russes qui sont revisitées, dans leur interaction avec l’idéologie officielle d’une société sans classe.

C’est aussi tout le mérite de cet ouvrage que d’explorer les stratégies « micro-historiques » des acteurs que sont les statisticiens confrontés au divorce croissant entre leurs méthodes d’analyse et les catégories et résultats proclamés par les dirigeants. Au travers d’un certain nombre de portraits, brossés souvent avec talent, les auteurs restituent un peu du quotidien de ces personnes confrontées à une domination politique de type totalitaire. Dans un régime qui se veut scientifique et basé sur des estimations quantitatives permettant des choix économiques, le rôle de la statistique d’état est crucial et explique l’enjeu important et le contrôle qui sont associés aux produits du travail de l’administration centrale de statistique.

Plus généralement, le livre de Blum et Mespoulets mérite le détour car il permet d’envisager une approche historique enfin décomplexée des phénomènes totalitaires. Sans délivrer de jugements ontologiques sur la nature du régime communiste, ce livre montre bien quelles sont les stratégies de résistance et de soumission qui ont pu se mettre en place au niveau des membres de l’appareil statistique et permet d’expliciter les conditions qui ont rendu possible la fraude statistique à grande échelle qui caractérise le régime stalinien. C’est certainement en suivant cette voie combinant approche micro et macro historiques que l’on pourra comprendre comment peuvent fonctionner des appareils d’oppression à grande échelle sans que les membres exécutants ne soient tous des fanatiques.

SPH

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La régulation du marché européen des assurances - Bertrand LABILLOY (ENSAE 1993), Economica.

Plus que toute autre activité économique, l’assurance est soumise à un ensemble de dispositions et de contrôles publics dont l’objet est de maintenir l’équilibre entre les intérêts des entreprises, ceux des assurés, et l’intérêt général, contribuant ainsi au fonctionnement harmonieux du marché de l’assurance. Cet ouvrage expose, sous un angle essentiellement juridique et pratique, la manière dont cette régulation est organisée par le droit communautaire. Il réunit et met en perspective des sujets habituellement dispersés : la libéralisation et la déréglementation des marchés, la politique de la concurrence, le contrôle des entreprises d’assurance et la comptabilité spécifique à cette activité, et, pour finir, la politique de protection des consommateurs. Ce livre vise deux publics. Il s’adresse tout d’abord à des professionnels de l’assurance souhaitant connaître les fondements communautaires des réglementations s’appliquant à leur secteur. Il est également destiné aux étudiants qui se destinent aux métiers de l’assurance et qui sont désireux d’appréhender la structure et la logique de ces réglementations.

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Autrice

Sébastien PETITHUGUENIN

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